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Bibliothèque / Vendredi 22 juillet

La chronique du COREVIH-Bretagne, financée à 100% par l'état français, avec des vrais morceaux d'argent public dedans !

 

Dr Cédric Arvieux - COREVIH Bretagne


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Vendredi 22 juillet

Session plénière : How do we get there – Comment va-t’on y arriver ?

Vers une nouvelle ère de traitement : transposer les résultats des études START et TEMPRANO en pratique clinique.
Towards a New Treatment Era?: Translating Results from START and TEMPRANO to Clinical - Serge Eholie, University Félix Houphouët-Boigny, Cote D'Ivoire

De 2002 à 2013, les recommandations de l’OMS sont passées du traitement indiqué chez les patients ayant < 200 CD4/mm3 à une recommandation de traitement universel. Trois essais essentiels ont permis d’en arriver là (NDR : comme souvent au cours de ce congrès, quand on parle des essais fondateurs d’un traitement plus précoce, on oublie l’essai « fondateur » mené en Haïti et ayant montré dès 2010 l’intérêt majeur de traiter avant d’être au seuil de 200 CD4) : HPTN052, START et TEMPRANO. Pendant longtemps les recommandations de l’IAS, les recommandations américaines et de l’OMS ont été différentes et ce n’est que depuis la fin 2015 que toutes les recommandations se sont alignées sur le traitement universel. La question est maintenant de savoir comment les implémenter sur le terrain. Aucun pays à revenu limité n’y est encore vraiment arrivé ; même si 80% des pays ont « adopté » le nouvelles recommandations, beaucoup n’ont pas encore commencé la moindre implémentation sur le terrain. L’Afrique du Sud et le Maroc sont probablement les plus avancés dans le domaine en Afrique. L’une des raisons essentielle est l’absence de ressources financières disponibles ce qui oblige les cliniciens à « prioriser » les patients qui leur semblent avoir le plus besoin de prise en charge (la recommandation OMS de traiter tout le monde s’accompagne d’une sous-recommandation « en priorité ceux qui sont symptomatiques et ont < 350 CD4…) ; or demander aux cliniciens de prioriser n’est jamais très bon pour les patients et les cliniciens ! Aujourd'hui, en Afrique sub-saharienne, les patients arrivent dans le soin à des stades clinques et immunologiques encore trop évolués (Lahuerta CID 2014), Traiter tôt signifie avant tout dépister précocement ! éventuellement en ciblant préférentiellement les groupes les plus à risque. Une étude a montré que la raison principale de refus de traitement en Afrique du Sud est le fait de se sentir bien…(Katz et al. AIDS 2011). Or la plupart des patients ont réellement besoin d’un traitement, très peu nombreux sont les contrôleurs long-termes comme cela a été démontré dans la base française FHDH, mais également dans TEMPRANO, ou 6% des patients ont spontanément une CV < 300 cop/mL. Avec quoi débuter le traitement ?  Pour un certain nombre de patients dont la charge virale est initialement basse (30% des patients de TEMPRANO ont moins de 30 000 copies) les bithérapies pourraient être suffisantes (Cahn et al. Lancet 2014, Raffi et al. Lancet 2014) et sont des options à explorer. Concernant la surveillance, les patients ayant une CV indétectable n’ont pas de diminution des CD4 (0,4 % des patients dans une méta analyse). Certains patients pourraient parfaitement bénéficier d’un suivi très allégé, sous réserve de remplir certains critères (Waldrop et al. Trop Med Int Health 2016). Le suivi de la charge virale reste le parent pauvre de la prise en charge : en Afrique du Sud, plus de 2/3 des patients ont une charge virale dans leur suivi… et moins de 5% en Côte d’Ivoire (Lecher et al. MMWR 2015). Le manque de ressources humaines est également un obstacle au passage à l’échelle de la mise sous traitement, avec du personnel en trop faible quantité, mais également manquant de motivation au sens large du terme.

Toute une vie de soutien : comment on est venu à bout du Sida pédiatrique.
A Lifetime of Support: How We Ended Paediatric AIDS - D. Mbori-Ngacha, UNICEF, Nigeria

L’originalité de la présentation vient du fait que l’oratrice s’est placée en 2030 et a décrit rétrospectivement comment on était arrivé à l’élimination complète de la transmission mère-enfant (TME) et du sida pédiatrique… alors qu’on en est encore un peu loin aujourd’hui, même si l’on peut considérer que la diminution de la TME est l’un des grands succès de la lutte contre le VIH. La multiplicité des facteurs à prendre en compte pour arriver à éliminer le sida pédiatrique rend la question particulièrement complexe… Aujourd’hui, selon les estimations OMS, 70% des femmes enceintes infectées par le VIH reçoivent un traitement « définitif », on peut donc considérer qu’il s’agit d’un succès ou presque ; par contre, lé rétention dans les soins est assez mauvaise, notamment chez les femmes très jeunes où les taux de perdus de vue peuvent dépasser 60% (données ougandaises). Le traitement des enfants infectés s’est également amélioré en termes de couverture, mais reste débuté trop tard. Reste également la question des ados où la diminution de l’incidence est la plus faible de tous les groupes d’âge. La question de l’adaptation des programmes a été essentielle : le traitement des femmes enceintes est encore débuté trop tard, l’idéal étant certainement de débuter avant la grossesse. « Aller chercher les femmes », comme cela é a  été fait au Guatemala  (Smith In J Gyn Obst Juin 2015) permet d’améliorer considérablement le taux de dépistage et de mise sous traitement. Au Nigeria, des propositions de test « Faith-based » (basés sur la foi) permettent d’améliorer dépistage et mise sous traitement également (Ezeanolue etal. Lancet global health 2015). Quand le système de soins proposé est fort, le nombre de perdus de vue est faible (Aliyu et al. Lancet HIV may 2016). Chez les enfants nés de mère séropositive, le circuit de dépistage peut parfois prendre 40 jours ce qui pourrait considérablement être amélioré par des tests au niveau direct des sites de prises en charge (POC, pour Point of Care). L’amélioration des services d’éducation et de prévention est essentielle pour les ados, avec la mise en place de services adaptés aux ados (adolescent-friendly health services). Chez les ados, les taux d’observance dépendent directement des efforts que l’on fait en terme d’entourage social, et notamment quand l’on combine plusieurs types de protections sociales comme l’habillement, nourriture, groupe de support etc… (Cluver et al. AIDS Care 2016). La nécessité de systèmes de bases de données centralisées pour le suivi faciliterait également la prise en charge.

Qu’est-ce qui est nouveau, qu’est-ce qui arrive bientôt et plus tard ?
What's New, What's Next, What's Ahead? - C. del Rio, Emory University, United States

On vit nos meilleurs jours (on verra plus loin que l’orateur pense que l’on vit aussi les pires…) en terme de lutte contre le VIH : on est passé de 10 000 personnes à > 12 millions de sous traitement en Afrique sub-saharienne entre 2000 et 2016. La démonstration de l’efficacité des traitements précoces a été faite, de même que celle de l’efficacité de la PrEP et de l’extrême efficacité du TasP (voir les récents résultats de l’essai PARTNER Rodger et al.JAMA 2016). Mais cela ne doit pas cacher les difficultés, notamment dans notre incapacité de contrôler l’épidémie chez les ados en Afrique, chez les MSM aux USA, avec une iniquité majeure : le risque d’acquisition du VIH tout au long de la vie chez les MSM aux USA est de 1 sur 2 pour les MSM noirs, 1 sur 4 pour les MSM hispaniques et 1 sur 11 pour les MSM blancs… et ce sont les blancs qui ont de loin le plus accès à la PrEP aujourd’hui ! Les inhibiteurs d’intégrase sont aujourd’hui le standard en 1ère ligne dans beaucoup de pays riches, il est temps que cela soit le cas dans les pays à ressources limitées également : des études sont en cours avec le DTG (NDR : un accord récent permettrait d’avoir du DTG à un coût < 100 $ par an) et TDF/FTC ou TDF/3TC avec à terme une forme générique en Afrique du Sud. Arriver à implémenter dans des systèmes de soins faibles (et l’orateur a cité les USA, son pays d’origine, comme exemple de système faible, que ce soit pour le VIH ou le diabète…), est un vrai challenge : globalement, les personnes infectées par le VIH sont dépistées trop tard, trop sont perdues entre dépistage et soins… dans la cohorte IDEA en Afrique, moins de 50 % des personnes sont toujours en soins après 5 ans de suivi. Les causes de « désengagement » peuvent être multiples et doivent être comprises (Ware et al. Plos Medecine 2013). La question du parcours de santé est essentielle (« Patient Navigation » en englishe), mais il faut pouvoir l’améliorer pour ceux qui en ont le plus besoin. Différents systèmes d’incitation peuvent être testés et certains ont montré leur efficacité  (Metsch et al. JAMA 2016). Il faut aller au devant des populations les plus concernées, comme les « Tutu-Tester » (volontaires des centres de soins Desmond Tutu qui vont proposer conseils de prévention et dépistage dans les foyers). La biologie doit être renforcée et il faut définir ce qui est essentiel dans le suivi de base, pas uniquement pour le VIH (Schroeder et al. NEJM 2016). On n’arrivera pas non plus à lutter efficacement contre le Sida sans lutte contre la stigmatisation. Aujourd’hui, le SIDA (pas le VIH) est un mix de maladies infectieuses, de pauvreté, de drogues et de troubles psychiatriques ! On vit aussi les pires jours de l’infection par le VIH : l’épidémie n’est pas contrôlée en Asie centrale, et mal dans les populations clés des pays développés (NDR : cf. les dernières données épidémiologiques chez les jeunes MSM en France), 20 millions de personnes qui devraient être sous traitement n’y ont pas encore accès (NDR : et beaucoup seront morts avant d’y avoir accès). L’orateur a listé ce que devraient être les cliniciens qui sont impliqués dans la prise en charge des patients infectés par le VIH aujourd’hui : I/ faire mieux ce qui est déjà bien fait (dépister, soigner, suivre, aider la bonne observance, améliorer l’accès à la PrEP et la prévention combinée). II/ améliorer la connexion entre dépistage et soins. III/ être des défenseurs des droits humains et de ceux qui sont le plus en besoin, défendre le zéro discrimination sera un préalable à zéro sida. IV/ Reprendre leur rôle d’activiste et communiquer sur le fait que le Sida reste un problème de santé publique essentiel en 2016 !

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Session de communications orales libres
Testing Times-Interventions to Improve Rates of HIV Testing

CHALO !, Une intervention via les réseaux sociaux permet d’améliorer le taux de dépistage chez les MSM de Mumbaï, Inde.
CHALO! A social media based peer-delivered intervention increases HIV testing in men who have sex with men in Mumbai, India: a randomized trial. V.V. Patel, United States

Le VIH affecte particulièrement les MSM en Inde, avec une pénalisation des relations homosexuelles, et l’absence de lieux de socialisation gay qui permettent de joindre facilement les MSM. Mais les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés et c’est une occasion unique de pouvoir atteindre cette population. La question est de savoir comment intervenir. Cette étude a eu lieu à Mumbai, en partenariat avec le réseau LGBT local HUMSAFAR. L’intervention CHALO vise les MSM de plus de 18 ans sexuellement actifs, avec la délivrance de messages (15 messages sur 12 semaines). Les messages ont été élaborés par un collectif concerné, avec des messages « approche » (approach) et des messages « évitement » (avoidance).  WhatsApp, Facebook privé, ou email, avec des liens vers des sites Internet. L’efficacité de l’intervention est mesurée via le taux de dépistage et l’’utilisation déclarée des préservatifs : les patients ont été randomisés pour recevoir un type de message ou l’autre. Ils étaient un peu indemnisés pour la participation à l’étude, et le taux de complétion est bon. Les messages "avoidance" paraissent faire un peu mieux en terme de dépistage et on n’observe pas de différence concernant l’utilisation des préservatifs. Les limites sont le fait que tout était autodéclaré, et qu’il pouvait y avoir une contamination entre les bras.

L’accès à l’auto-test VIH permet de doubler la fréquence du dépistage chez les hommes gay ou bi à haut risque en Australie.
Access to HIV self-testing doubles the frequency of HIV testing among gay and bisexual men at higher risk of infection: a randomised controlled trial - M.S. Jamil – Australia

En Australie, la population MSM représente 70% des nouveaux dépistages, et la prévalence y est de l’ordre de 10%, mais la fréquence des tests chez ceux qui restent à haut risque reste inférieure à ce qui est recommandé. L’essai FOURTH teste la faisabilité et l’efficacité du test ORAQUICK (sur la fréquence du dépistage), fourni gratuitement, avec comme critère principal le nombre de tests réalisés dans les 12 mois. Le critère d’inclusion est d’être un MSM avec plus de 5 partenaires dans les 3 mois ou des rapports anaux non protégés. Les patients étaient randomisés « autotest » versus « suivi standard ». Le nombre maximum d’autotests délivrés était de 12 sur 12 mois (4 autotests donnés à la 1ère visite). Les participants devaient compléter une enquête trimestrielle ; 362 patients ont été randomisés, avec un très bon taux de suivi (> 90%) dans les deux bras. Chez les patients du bras AT, il n’y a pas de diminution du nombre de tests standards réalisés en laboratoire par rapport au bras labo seul, que les patients aient été récemment testés avant l’entrée dans l’étude ou non. Pour les patients du bras autotest, il y a une nette augmentation du nombre de test réalisés au cours de 12 mois suivant l’inclusion, qui passent à plus de 4 tests/an contre un peu moins de deux pour ceux qui ne se voient pas proposés l’AT. Il n’y a pas de diminution du dépistage des autres IST dans le groupe AT. L’acceptabilité des tests est très bonne. Les patients randomisés dans le groupe sans AT sont passés dans le bras AT à 12 mois etl‘étude se poursuit, notamment avec des données coût-efficacité. On peut donc dire que la fourniture gratuite du test Oraquick, à court terme, double la fréquence de dépistage du VIH chez les MSM à haut risque (NDR : ce n’est pas avec notre test à 28€ pièce qu’on va y arriver…).

En Afrique du Sud rurale, conseil et dépistage communautaires volontaires identifient avec succès les personnes infectées par le VIH éligibles pour un traitement ARV.
Community-based voluntary counselling and testing successfully identifies HIV-positive ART eligible individuals in rural South Africa - S. Shenoi, United States

Cette étude a été menée dans la zone rurale de Tugela Ferry dans le Kwazulu Natal. Le projet combine conseils et dépistages ambulants autour de la tuberculose et du VIH. L’équipe intervient dans différents lieux : évènements municipaux, prisons, autour des écoles secondaires (pour le personnel ou les personnes attendant les élèves), lieux de collecte des allocations (retraite, allocations familiale…). Un peu plus de 12 000 personnes ont bénéficié du dépistage, avec 30% d’hommes (43% dans le groupe 15-25 ans). Un des meilleurs indicateurs dans ce domaine est le nombre de personnes à dépister (NPD) pour mettre en évidence une infection. En dépistant autour des écoles secondaires, le NPD est le moins  bon (59), alors qu’il n’est que de 5.5 au niveau des prisons. Les acteurs de risque d’être positifs sont l’âge jeune, le sexe féminin, des symptômes et bien sur de se connaître déjà positif pour VIH, ce qui représente tout de même la moitié des 1400 « dépistés » positifs. Le dépistage communautaire volontaire est une intervention efficace qui permet d’identifier les patients à des stades plus précoces que dans les structures de soins. Les lieux de dépistages les plus « rentables » en terme de nombre de personnes dépistées positives sont les évènements municipaux pour les femmes et les stations de bus/taxi pour les hommes. L’analyse excluant ceux qui se connaissent déjà positifs est en cours (elle pourrait changer les résultats…). Les raisons pour lesquelles les personnes se refont tester ne sont pas très claires (le programme dure depuis 6 ans et on croit comprendre qu’il y a des « habitués »).

Faire la promotion du dépistage du partenaire masculin ou du couple en distribuant des auto-tests versus intervention classique : un essai randomisé.
Promoting male partner and couples HIV testing through secondary distribution HIV self-tests: a randomized trial - H. Thirumurthy, S. Masters, B. Obonyo, S. Napierala Mavedzenge, S. Maman, E. Omanga, K. Agot – Kenya

Au Kenya, 62% des hommes ont été dépistés au moins une fois et 80% des femmes, et 62% des femmes infectées et 48% des hommes connaissent leur statut : il est donc important d’augmenter fortement le dépistage. Des études antérieures ont montré la très bonne acceptabilité de l’autotest (AT). Cette essai contrôlé randomise « invitation du partenaire à être testé dans une structure de soins » versus « remise de d’autotest pour un dépistage à la maison ». Il concerne des femmes enceintes ou dans la première année du suivi post-natal. Dans le groupe AT, les femmes recevaient 2 autotests destinés à leur partenaire (deux tests afin de pouvoir faire un test de couple, même si les femmes ont déjà été testées dans la structure de soins), et une démonstration de l’utilisation ; dans le groupe contrôle, les femmes reçoivent un flyer expliquant l’intérêt du dépistage du partenaire et comment venir le faire (intervention standard en Afrique du Sud). Les femmes étaient contactées tous les mois pendant trois mois, pour estimer taux de dépistage du conjoint, discussion autour du VIH au sein du couple et estimer d’éventuelles violences en rapport avec l’intervention). 2 000 patientes ont été screenées, 614 étaient inéligibles (notamment connaissance préalable du statut VIH + de leur conjoint), 715 ont décliné et finalement 600 femmes ont été randomisées : 52% du groupe contrôle contre 95% du groupe autotest ont réalisé le test (majoration de 40% avec les autotests). Il n’y a qu’une femme dans chaque groupe qui rapporte une violence liée à la discussion autour du test (mais ces deux femmes subissent en fait déjà des violences quotidiennes…).

Impact de la stratégie « Tester et traiter » sur l’incidence du VIH en Afrique du Sud rurale : essai ANRS 12249 TASP.
The impact of universal test and treat on HIV incidence in a rural South African population: ANRS 12249 TasP trial, 2012-2016 - François Dabis, for the ANRS 12249 TasP Study Group – France

L’essai ANRS TasP évalue une stratégie « test and treat » (T&T), selon une méthode randomisée en clusters dans une zone rurale du Kwazulu-Natal. Vingt-deux clusters ont été sélectionnés, avec une localisation GPS de tous les foyers, visite à domicile pour recueillir le consentement, proposition de tests semestriels, orientation des personnes dépistées positives vers les centres de santé situés à moins de 45 minutes de marche. Dans le groupe contrôle les patients sont traités selon les recommandations en cours an Afrique du Sud (qui ont évolué avec le temps), dans le groupe intervention (T&T), ils sont traités tout de suite quel que soit le stade clinique et les CD4. Les résultats de la phase préliminaire de faisabilité sont sous presse (Iwuji Plos One August 9 2016) mais des résultats partiels ont déjà été publiés (Boyer et al. AIDS care 2016). Le dépistage s’est avéré positif pour la 1ère fois chez 3 565 sur 12 449 dans le groupe T&T et 4 179 sur 13 912 dans le groupe contrôle, soit près de 30% de prévalence de nouveaux tests positifs dans chaque groupe. La proportion d’entrée en soins est de loin le point faible de la chaine : très mauvaise à 3 mois (28 et 29%), un peu meilleure  à 12 mois (47% dans les deux groupes), mais les résultats sont très bons pour ceux qui entrent en soins et sont traités – 95% de charges virales indétectables à un an. Les résultats bruts montrent que l’on ne diminue pas l’incidence dans les couples (2.27 personnes/années dans le groupe contrôle et 2.13 dans le groupe T&T, mais par contre que la stratégie permet de dépister plus de 90% de l’ensemble des personnes vivant dans les foyers, et que ceux qui se rendent dans les centres de santé ont de très bon résultats. Les analyses futures doivent particulièrement s’intéresser à la raison pour laquelle le taux de prise en charge post test est aussi faible (il se traduit finalement par une faible différence de couverture antivirale entre la stratégie « tester et traiter» et la stratégie classique.

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Session de communications orales libres
Late breakers – Thérapeutiques antirétrovirales

Une prophylaxie renforcée réduit la morbi/mortalité chez les patients fortement immunodéprimés qui débutent un traitement antirétroviral.
Enhanced infection prophylaxis reduces mortality in severely immunosuppressed HIV-infected adults and older children initiating antiretroviral therapy in Kenya, Malawi, Uganda and Zimbabwe: the REALITY trial - J. Hakim,  REALITY Trial Team – Zimbabwe
Le renforcement de la trithérapie classique par du raltegravir au cours des 12 premières semaines permet une réduction plus rapide de la charge virale mais n’a pas d’impact sur la morbi/mortalité.
12-week raltegravir-intensified quadruple therapy versus triple first-line ART reduces viral load more rapidly but does not reduce mortality in severely immunosuppressed African HIV-infected adults and older children: the REALITY trial - C. Kityo, REALITY trial team – Uganda

Les deux présentations se rapportaient à la même étude. Il s’agit de savoir si renforcer les modalités de prise en charge chez les patients très immunodéprimés (CD4 < 100/mm3) permet d’améliorer le pronostic. L’étude REALITY a testé plusieurs stratégies chez 1 800 patients : 1/ renforcer la trithérapie initiale par 2 INIT et un INTI avec du raltégravir dans les 12 premières semaines ; 2/ renforcer la prophylaxie des infections opportunistes en ajoutant au cotrimoxazole (et l’INH si elle était dans les recommandations du pays) par : 12 semaines d’INH et vitB6, 12 semaines de fluconazole, 5 jours d’azitromycine et une dose unique d’albendazole (le coût de ce package prophylactique complet varie de 7 à 35 $ en fonction des pays de l’étude) ; 3/ apporter un soutien nutritionnel au cours des 12 premières semaines (ce dernier aspect ne sera pas abordé dans la présentation des résultats). En pratique, l’adjonction de raltégravir n‘amène aucun bénéfice en terme de charge virale indétectable, de restauration immunitaire ou de morbi/mortalité (NDR : donc de ce côté, on ne lave pas plus blanc que blanc…). Par contre, le package prophylactique entraine une amélioration de la mortalité, diminue l’incidence des évènements sida (OMS IV) de la tuberculose, de la cryptococcose et des candidoses. Cela sans effet délétère sur la tolérance ou l’efficacité antivirale. L’étude a utilisé une forme coformulée de cotrimoxazole/INH/Vit B6 et montre que l’on sauve 3,3 vies pour 100 patients traités avec le pack prophylactique renforcé.

Le raltégravir en une seule prise journalière de 1200 mg n’est pas inférieure à la bi-prise quotidienne de 400 mg chez des patients naïfs de traitement ARV : résultats à S48 de l’essai ONCEMRK.
Raltégravir (RAL) 1200 mg once daily (QD) is non- inferior to RAL 400 mg twice daily (BID), in combination with tenofovir/emtricitabine, in treatment-naïve HIV-1-infected subjects: week 48 results - Pedro Cahn for the ONCEMRK Study Group - Argentina

Les simulations pharmacocinétiques à partir des études de phase I-II montre que la probabilité qu’une forme de raltégravir dosée à 1200 mg/j à 90% de probabilité de ne pas être inférieure  au dosage classique de 400 mg x 2 par jour (pour mémoire, des études antérieures ont montré que 800 mg une fois par jour était un peu inférieur à 400x2). Dans cette étude comparative entre des trithérapies avec TDF/FTC, le raltégravir est donné une prise journalière de 1200 mg (reformulation de deux comprimés à 600 mg) versus la dose de 400 mg x 2/ j ; 800 patients ont été randomisés (2:1). Les résultats présentés ici sont ceux de S48, où plus de 90% des patients sont encore dans l’étude sans différence entre les deux bras. A noter que près de 30% des patients à l’inclusion ont une CV > 100 000 cop/mL : il n’y a aucune différence de mise en évidence en terme de succès virologique (88,9 et 88,3% de CV < 50 à S48) ou de tolérance entre le bras en monodose 1200 mg ou bi-dose 400 mg x 2. Cela ouvre la voie à l’utilisation du raltégravir en monoprise journalière une fois que les comprimés à 1200 mg seront disponibles.

Bithérapie dolutegravir-lamivudine chez des patients naïfs de traitement antirétroviral : résultats à S48 de l’essai PADDLE.
Dolutegravir-lamivudine as initial therapy in HIV- infected, ARV naive patients: 48 week results of the PADDLE trial - Pedro Cahn, Argentina

Paddle est une toute petite étude pilote (de 2x10 patients) de preuve de concept la possibilité d’utiliser la bithérapie dolutegravir/3TC en initiation de traitement chez des patients ayant des CV < 100 000 cop/mL. Une 1ère cohorte de 10 patients a été recrutée puis une seconde devant l’absence d’échec dans la 1ère. Il s’agissait de patients naïfs de TTT ARV, avec plus de 200 CD4 et une CV<100 000 copies lors du screening, HBV-. A 8 semaines, tous les patients ont une charge virale < 50 cop/mL mais on trouve un patient avec une remontée de CV à 246 cop/mL, sans mise en évidence de résistance (mais région de l’intégrase non amplifiable). Le patient a été sorti de l’étude comme échec, mais a poursuivi avec le même traitement et la charge virale est de nouveau indétectable, (le board de l’étude a recommandé que le patient passe en trithérapie compte tenu des incertitudes qui existent toujours à ce jour, mais cela n’a pas été fait pour l’instant.) Un essai randomisé comparatif DTG/3TC versus DTG/TDF/FTC vient tout juste de débuter et envisage d’inclure 300 patients dans chaque bras.

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